charles peguy la mort n est rien
Lefil n'est pas coupé. La mort n'est rien. Je suis seulement passé dans la pièce à côté. Je suis moi, vous êtes vous. Ce que nous étions les uns pour les autres, nous le sommes toujours. Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné. Parlez de moi comme vous l'avez toujours fait. N'employez pas un ton différent, ne prenez pas un air solennel
La mort n’est rien » de Charles Péguy La mort n’est rien Je suis simplement passé dans la pièce à côté. Je suis moi, tu es toi. Ce que nous étions l’un pour l’autre, nous le sommes toujours.
Iln'a été publié qu'après la mort de Péguy, qui n'en est donc pas non plus le traducteur. Bref : saint Augustin a-t-il écrit le moindre texte qui ressemble à celui-ci ? Et qui en est l'auteur ? La mort n'est rien : je suis seulement passé, dans la pièce à côté. Je suis moi. Vous êtes vous. Ce que j'étais pour vous, je le suis
Lamort n’est rien Je suis seulement passée Dans la pièce à côté.. Je suis moi, tu es toi. Ce que nous étions L’un pour l’autre, Nous le sommes toujours.. Donne-moi le nom Que tu m’as toujours donné, Parle-moi Comme tu l’as toujours fait.. N’emploie pas un ton différent, Ne prends pas un air solennel Et triste. Continue à rire De ce qui nous faisait rire Ensemble.
CharlesPéguy. « La mort n'est rien : je suis seulement passé, dans la pièce à côté. Je suis moi. Vous êtes vous. Ce que j'étais pour vous, je le suis toujours. Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné. Parlez-moi comme vous l'avez toujours fait, n'employez pas un ton différent. Ne prenez pas un air solennel ou triste. Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble
nonton film mission impossible 3 full movie subtitle indonesia lk21. "Nobody will get out of here alive." Jim Morrison1 La mort, objet philosophiqueL'inévitabilité de mourir et le droit ou l'interdiction de tuer ne cessent de nous questionner "Il s'en faut d'un rien, un caillot de sang dans une artère, un spasme du cœur... pour que là-bas soit immédiatement ici. Vladimir Jankélévitch"Vous ne savez ni le jour ni l'heure." Evangile de Jean"Chacun de nous est le premier à mourir." Eugène Ionesco"Quand on naît, on est toujours assez vieux pour mourir." Martin HeideggerMalgré les progrès des sciences biologiques et épidémiologiques, la mort reste inéluctable..."Elle est inclassable, elle est l'événement dépareillé par excellence, unique en son genre, monstruosité solitaire, elle est sans rapport avec les autres événements qui, tous, s'inscrivent dans le temps." Vladimir JankélévitchPourquoi la mort de quelqu'un est-elle toujours une sorte de scandale, se demande Vladimir Jankélévitch Vladimir Jankélévitch, La Mort, Champs Flammarion, 1977, pourquoi cet événement si normal éveille-t-il chez ceux qui en sont témoins autant de curiosité et d'horreur ? Depuis qu'il y a des hommes et qui meurent, comment le mortel n'est-il pas habitué à ce phénomène naturel et pourtant toujours accidentel ? pourquoi est-il étonné chaque fois qu'un vivant disparaît, comme si cela arrivait chaque fois pour la première fois ? "Si la mort n'est pensable ni avant, ni pendant, ni après, quand pourrons-nous la penser ?"La mort n'est nulle part et elle est partout, ce n'est pas un événement, mais un processus continu, de la naissance à la mort clinique, biologique, en passant par le vieillissement "Chaque jour, j'observe la mort à l'œuvre dans le miroir." Jean CocteauLa mort est un phénomène biologique médiatisé par le social, ce n'est pas un simple objet empirique. La mort-en-soi n'existe pas, mais elle est perçue, vécue, imaginée... L'homme sait qu'il va mourir, ce qui faisait dire à Heidegger dans Être et Temps Sein und Zeit que l'homme le Dasein est un "être-pour-la-mort".On parle de mort physique, mais aussi de mort biologique, de mort génétique, quantique, spirituelle, psychique ou philosophie s'interroge sur la mort "Philosopher, est-ce apprendre à mourir ?" La mort est-elle une privation, une punition ou bien une délivrance ? Nous révèle-t-elle l’Être par le biais de l'angoisse ? Est-ce un échec "en elle s'identifient l'absolu de l'échec subjectif et l'absolu de l'échec objectif." ou bien un renouvellement ontologique ? Est-ce une expérience inévitable et unique ou un objet de spéculation ?Si philosopher, depuis Socrate, c'est "se préparer à mourir" la formule est de Montaigne, c'est parce que le "dialogue silencieux de l'âme avec elle-même constitue, non un refus de la vie, mais un retrait provisoire par rapport à la vie et un oubli du corps cf. H. Arendt, La vie de l'esprit ; l'idée de l'âme, la théorie platonicienne des "mondes duels", si intimement liées à l'idée de la mort, proviennent, selon elle, de ce retrait par rapport à la vie, que le sens commun considère comme "contre nature"."Ni le soleil, ni la mort ne se peuvent regarder en face." La Rochefoucauld fait allusion, dans cette célèbre maxime au moment où la mort cesse d'être un objet de pensée extérieur à moi pour devenir, comme disait saint Augustin de Dieu "plus intime à moi-même que moi-même".On ne peut regarder la mort en face, "l'envisager" ; l'inconscient, l'animal en nous, ignore la mort, mais la mort peut se mettre à saturer la conscience, non en tant que simple savoir, le point de vue que nous pourrions avoir "sur" un objet, mais comme certitude intérieure, absolue, existentielle, la seule et unique certitude."Vous savez que vous allez mourir, disait Lacan, mais vous n'en êtes pas sûrs." Le passage du savoir à la certitude est l'épreuve suprême dans la vie d'un être humain. La plupart des hommes s'arrangent pour ne pas l'affronter en s'évadant dans le divertissement, mais il arrive qu'elle s'impose à nous. Il s'agit alors de savoir comment supporter l' Anthropologie de la morta La mort dans les sociétés archaïques L'idée dominante est que les disparus vivent d'une vie propre, comme les vivants. "De la Mélanésie à Madagascar, du Nigeria à la Colombie, chaque peuplade redoute, évoque, nourrit, utilise ses défunts, entretient un commerce avec eux, leur donne, dans la vie, un rôle positif, les subit comme des parasites, les accueille comme des hôtes plus ou moins désirables, leur prête des intentions, des pouvoirs." Paul Valéryb La mort dans les sociétés "métaphysiques"Les morts y sont radicalement séparés des vivants ; on distingue les "morts anonymes" des "grands morts" les personnages importants. L'immortalité de l'esprit remplace l'immortalité des La mort dédramatiséeSelon Épicure, la mort n'est rien "Familiarise-toi avec l'idée que la mort n'est rien pour nous, car tout bien et tout mal résident dans la sensation, or la mort est la privation de cette dernière."Cette connaissance certaine que la mort n'est rien pour nous a pour conséquence que nous apprécions mieux les joies que nous offre la vie éphémère, parce qu'elle n'y ajoute pas une durée illimitée, mais nous ôte au contraire le désir d'immortalité. Ainsi, celui des maux qui fait le plus frémir n'est rien pour nous, puisque, tant que nous existons, la mort n'est pas et que, lorsque la mort est là, nous ne sommes mort, par conséquent, n'a aucun rapport, ni avec les vivants, ni avec les morts, étant donné qu'elle n'est rien pour les premiers et que les derniers ne sont plus." Épicure, Lettre à MénécéeFeuerbach considère la mort comme une chimère, puisqu'elle n'existe que quand elle n'existe Marx, la mort est hors des atteintes de l'énergie pratique de l'homme. Cette dédramatisation de la mort, qu'elle soit épicurienne ou marxiste n'est pas très convaincante. La démonstration que la mort n'est rien ne supprime pas l'angoisse du rien. Par ailleurs, comme le remarque le philosophe néo-marxiste Ernst Bloch, l'utopie vient se briser contre l'écueil de la mort. Si nous devons mourir, notre vie n'a pas de sens parce que ses problèmes ne reçoivent aucune solution et parce que la signification même des problèmes demeure Chesterton faisait remarquer un jour que les Anciens nous étaient supérieurs à de nombreux points de vue, mais qu'ils n'étaient certainement pas plus joyeux que nous ne le sommes ou que nous nous pourrions l'être si nous avions la certitude de la "vie éternelle" et que, comme le dit Nietzsche, "nous avions l'air ressuscités".Ce qui est un lieu commun pour nous, le thème de la brièveté de la vie, était une obsession pour les Anciens. Hésiode compare les hommes à la "race des feuilles" et le conseil que donne Lucrèce "Carpe diem" Cueille le jour ! est étroitement lié à l'idée de la mort profite de l'instant qui passe car il ne reviendra plus ; chaque heure qui passe te rapproche de la fin. "Omnis vulnerant, ultima necat."4 L'amortalitéL'animisme et la religion de l'ancienne Égypte expriment une volonté de survivre après la mort. "Je crois aux dieux, Athéniens, comme n'y croit aucun de mes accusateurs. Et, puisque Dieu existe, il ne peut arriver rien de mal à l'homme juste, ni pendant sa vie, ni après sa mort." fait dire Platon à Socrate dans L'apologie de Socrate. On trouve la même croyance dans le bouddhisme, mais sans l'idée de salut individuel fusion dans "l'Un-Tout" "L'homme n'est pas comme la banane, un fruit sans noyau, son corps contient une âme immortelle." Les Kabyles appellent les défunts "les gens de l'éternité".5 La résurrection des corpsLe judaïsme, puis le christianisme et l'islam approfondissent la croyance en l'immortalité et y ajoutent celle de résurrection des corps "Vos morts vivront, leurs corps ressusciteront." Ancien Testament, Vision d’ÉzéchielHannah Arendt met en évidence l'influence décisive du christianisme et de la notion de "résurrection des corps" et pas seulement des "âmes" et de "vie éternelle" qui conféra à la vie humaine une importance et une dignité qu'elle n'eut jamais le christianisme, la vie humaine et le temps qui lui est imparti sur la terre acquièrent une importance considérable en raison de l’incarnation Dieu s’est fait homme et du fait qu’elle constitue une préparation au salut, à la vie éternelle."Ne considérons plus un corps comme une charogne infecte, car la nature trompeuse le figure de la sorte, mais comme le Temple inviolable et éternel du Saint Esprit." Pascal, Lettre à sa soeur Gilberte du 1er octobre 1651"Sans Jésus, la mort est abominable, mais c'est une chose sainte et joyeuse pour le véritable croyant." PenséesTout ce qui ce par quoi l’homme antique cherchait à s’immortaliser les œuvres d’art, la vie politique passent au second plan des préoccupations humaines ou sont jugées vaines. Le sentiment d’éternité l’emporte désormais sur le désir d’immortalité et sur la rivalité avec les Péguy a bien montré ce changement de perspective qui était déjà plus ou moins en germe dans l’antiquité grecque les hommes sont supérieurs aux dieux, car ils font l’expérience de la mort est un événement tragique, mais ce n’est pas un événement absurde car sans elle la vie humaine n’aurait pas de sens. Un homme immortel ne ferait rien, ne se reproduirait pas "La vie des enfants, c'est la mort des parents." Hegel et n’aurait d’autre ressource que de s’intéresser, passionnément comme les dieux grecs, aux la mort et sans la naissance, rien de nouveau ne se produirait dans le monde "Le miracle qui sauve le monde, le domaine des affaires humaines de la ruine normale, "naturelle", c'est finalement le fait de la natalité, dans lequel s'enracine ontologiquement la faculté d'agir." Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, Calmann-Lévy, coll. Pocket, p. 3145 La mort à l'époque moderneAvec les progrès des sciences et des techniques, le développement de l'esprit critique et le remplacement des anciennes valeurs par le profit et la rentabilité, l'individu affronte la mort dans la solitude. L'époque moderne se caractérise par une crise de l'individualité devant la mort dans un contexte de névrose et d'angoisse ou par une banalisation apparente de la société moderne a globalement perdu la foi en la vie éternelle Arendt montre l'action corrosive du doute cartésien chez des penseurs chrétiens comme Pascal ou Kierkegaard, mais a conservé la foi en la vie, mais une vie désormais coupée de toute considération transcendantale religieuse ou autre et donc d'une vie qui se suffit à elle-même et d'où la dimension de l'action réservée à une poignée de savants, de la parole et de l'œuvre réservée à une poignée d'artistes tend à disparaître au profit d'une sorte de survie "hébétée" ... Dès à présent, le mot travail est trop noble, trop ambitieux, pour désigner ce que nous croyons faire dans le monde où nous sommes. Le dernier acte de la société de travail, la société d'employés, exige de ses membres un pur fonctionnement automatique, comme si la vie individuelle était réellement submergée par le processus global de la vie de l'espèce, comme si la seule décision encore requise de l'individu était de lâcher, pour ainsi dire, d'abandonner son individualité, sa peine et son inquiétude de vivre encore individuellement senties, et d'acquiescer à un type de comportement, hébété, "tranquillisé" et fonctionnel." On peut donc constater que la banalisation de la mort comme simple cessation des fonctions vitales va de pair à l'époque moderne avec une certaine banalisation de la des philosophe "athées" ou agnostiques continuent à assumer le sérieux de la mort, sa dimension "tragique" Pour Jean-Paul Sartre, elle est la "néantisation toujours possible de mes possibilités, qui est hors d'atteinte de mes possibilités." La mort transforme la vie en destin. » dira de son côté André moderne a tendance à ignorer la mort ou à la banaliser "on" meurt. Pour Heidegger, nous trouverons dans l'acte d'assumer la mort l'authenticité de notre "être pour la mort", puisque la mort exprime la structure de la vie humaine. "L'Etre authentique pour la mort, c'est-à-dire la finitude de la temporalité, est le fondement caché de l'historicité de l'homme." Sein und Zeit [/justify]
BibliObs. Que vous inspire le Péguy journaliste, pamphlétaire Edwy Plenel. Les Cahiers de la quinzaine» forment l’œuvre de Péguy, son œuvre-vie», dont il était le seul maître, comme Maurice Nadeau sera le seul maître de ce qui s’est appelé justement la Quinzaine littéraire». En tant que gérant des Cahiers», Péguy a publié toute sorte d’articles, d’enquêtes. On oublie trop ce qu’il appelait le journalisme de renseignement», gouverné par la fameuse formule Dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, dire bêtement la vérité bête, ennuyeusement la vérité ennuyeuse, tristement la vérité triste». Des articles sur la question coloniale, sur le génocide des Arméniens, les questions internationales, sur la condition des instituteurs, que sais-je. Et cela en plus de la littérature. Et puis, il y a ce qu’écrit Péguy lui-même, et qu’on retrouve dans les trois tomes de la Pléiade. Alors là, ce que j’admire, c’est l’invention formelle. Je suis de ceux qui préfèrent sa prose à sa poésie – non pas que sa poésie soit médiocre, mais elle est plus classique. Sa prose, qui est ruminante, qui ressasse, qui revient par vagues et envolées, est authentiquement inventive et unique. Elle n’a rien de journalistique», de formaté, elle ne répond à aucune exigence de pédagogie», de transmission», et se soucie assez peu du public. Mais c’est un objet formel assez fascinant, et qui va de pair avec sa manière de ne jamais renvoyer de droits d’auteur, de ne jamais faire de citations derrière sa rumination, il y a tout ce qu’il a lu… Ensuite il y a la colère contre son époque, qui est très semblable à la nôtre. Une époque de transition, de révolution industrielle, de spéculation financière, un ébranlement économique, géopolitique, social. Et il est en colère contre l’universelle marchandise. Voilà sa cible l’abaissement dans la marchandise, dans l’argent. Et c’est le socle de sa colère l’universelle marchandise, qui prend tout, qui prostitue tout, qui uniformise tout. La question de son basculement dans le patriotisme et le nationalisme est plus complexe. Il évolue. Je ne suis pas du Péguy de la fin, du Péguy qui envoie Jaurès dans une charrette avec des roulements de tambour, même si, dans cette évolution, Péguy ne cède pas sur l’antisémitisme. Il a écrit des pages sur les Allemands qui sont une vision essentialiste des civilisations, des cultures d’un côté la civilisation, et c’est la France, et d’un autre côté la barbarie, et c’est l’Allemagne. Mais sa colère, le socle de cette colère, n’a pas de postérité politique univoque elle donne aussi bien les nationalistes que les libertaires, et ceux qui résistent contre la servitude. Si Péguy arrivait à Mediapart avec un article, écrit dans son style, le prendriez-vous? Bien sûr ! Vous n’avez qu’à lire ce que nous publions, qui est d’une très grande diversité d’écriture nous sommes dans une culture du free speech. Non seulement je les prendrais, mais on peut dire que les colères péguystes d’aujourd’hui se trouvent plus dans Mediapart que dans les vitupérations de M. Finkielkraut. Propos recueillis par Jacques Drillon Entretien réalisé - comme cet autre avec Yann Moix - dans le cadre de notre enquête sur l'étonnante postérité de Charles Péguy, à lire dans "le Nouvel Observateur" du 13 février 2014.
L’historien Jean-Pierre Rioux publie en ce début d’année La mort du Lieutenant Péguy, un livre qui retrace l’expérience de guerre du grand écrivain jusqu’à sa mort le 5 septembre 1914. Occasion de revenir sur la conception de la guerre du directeur des Cahiers de la Quinzaine. soldats français en 1914 Charles Péguy est mort debout. En soldat honorable, en soldat vertical. Arrivée au croisement de la route d’Yverny-la Bascule et de Chauconin, la 19e compagnie de Péguy reçoit l’ordre d’attaquer les Allemands embusqués à quelques centaines de mètres de là. Fièrement dressé, Péguy commande le feu Tirez, tirez, nom de Dieu ! » Quelques instants plus tard, il est frappé d’une balle en plein front et s’écroule dans une plainte Ah ! mon Dieu… Mes enfants ! » Parmi les nombreux hommages consécutifs à la mort de Péguy, celui de son ami Daniel Halévy se distingue par sa lucidité Je ne pleurerai pas son héroïque fin. Il l’a cherchée, il l’a trouvée, il était digne d’elle […] Ne le plaignons pas. Cette mort, qui donne à son œuvre le témoignage, la signature du sang, il l’a voulue. » En effet, Péguy a toujours eu une haute conscience de l’honneur et une admiration pour la figure du soldat. Cette mort est celle qui lui ressemble le plus. Sa vie aura été celle d’un soldat de plume, sa mort, celle d’un soldat tout court. Soldat, Péguy l’était indiscutablement. Soldat français, Péguy l’était d’autant plus. Dans sa Note conjointe sur M. Descartes, il s’applique à distinguer deux conceptions radicalement opposées de la guerre. D’un côté, la conception française héritée de la chevalerie et dont la finalité est l’honneur, de l’autre, la conception allemande héritée de l’Empire romain et dont la finalité est la victoire. Le soldat français se bat pour des valeurs, le soldat allemand se bat pour gagner. Aux yeux de Péguy, la logique de guerre allemande trouve son origine dans l’épisode du cheval de Troie. Ce n’est donc pas un Romain, mais le Grec Ulysse qui a le premier privilégié l’issue de la bataille à la bataille en tant que telle. Plus question pour le fis d’Ithaque de respecter un code, mais bien plutôt d’utiliser la ruse et d’être fidèle à sa réputation d’homme au mille tours ». Pour Péguy, le système de guerre français est basé sur le duel tandis que le système de guerre allemand est basé sur la domination. Il prévient la guerre entre la France et l’Allemagne ne peut pas être envisagée comme un duel à grande échelle puisque seule une des parties engagées respecte les règles chevaleresques du duel. Français et Allemands font la guerre, ils se font la guerre, mais ils ne font pas la même guerre. Je dirai Il y a deux races de la guerre qui n’ont peut-être rien de commun ensemble et qui se sont constamment mêlées et démêlées dans l’histoire […] Il y a une race de la guerre qui est une lutte pour l’honneur et il y a une tout autre race de la guerre qui est une lutte pour la domination. La première procède du duel. Elle est le duel. La deuxième ne l’est pas et n’en procède pas », explique Péguy. soldats allemands en 1914 Péguy estime que, lorsqu’on fait la guerre, la fin ne justifie jamais les moyens. Pour le soldat français, c’est plutôt les moyens qui justifient la fin. Vaincre ne compte pas pour le chevalier, ce qui compte c’est de combattre, de bien combattre. En revanche, pour le soldat allemand, la manière importe peu, seule la victoire compte, qu’elle se fasse dans l’honneur ou le déshonneur concepts étrangers à cette race de la guerre ». Il y a une race de la guerre où une victoire déshonorante, par exemple une victoire par trahison, est infiniment pire, et l’idée même en est insupportable, qu’une défaite honorable, c’est-à-dire une défaite subie, et je dirai obtenue en un combat loyal », affirme Péguy. Chevalier et samouraï Ces deux systèmes de guerre s’inscrivent dans une tradition à la fois temporelle et spirituelle. Pour nous modernes, chez nous l’un est celtique et l’autre est romain. L’un est féodal et l’autre est d’empire. L’un est chrétien et l’autre est romain. Les Français ont excellé dans l’un et les Allemands ont quelquefois réussi dans l’autre et les Japonais paraissent avoir excellé dans l’un et réussi dans l’autre », note-t-il. Le chevalier, comme le samouraï, est une incarnation temporelle du spirituel. Leur sacrifice éventuel est une preuve du primat en eux du spirituel sur le temporel. Le soldat allemand en revanche, parce qu’il recherche la domination, est prêt à sacrifier du spirituel pour du temporel, des valeurs, pour la victoire. Cette référence au soldat japonais nous ramène à un autre texte de Péguy, Par ce demi-clair matin, publié après la crise de Tanger en 1905. Péguy revient sur le sentiment d’assurance qui caractérise la nation française avant la défaite de 1870, un sentiment qui peut se résumer ainsi […] la France est naturellement et historiquement invincible ; le Français est imbattable ; le Français est le premier soldat du monde tout le monde le sait. » Dans Leur Patrie, Gustave Hervé, dont l’antimilitarisme insupporte Péguy, se moque de cette assurance […] il suffit de connaître l’histoire militaire du peuple français pour constater qu’il n’en est peut-être pas un seul en Europe qui compte à son actif tant de défaites mémorables, anciennes ou récentes », écrit-il. Ce à quoi Péguy répond […] et il est sans doute encore plus vrai que le Français dans les temps modernes est le premier soldat du monde ; car on peut très bien être le premier peuple militaire du monde, et être battu, comme on peut très bien être le premier soldat du monde et être battu. » un samouraï Le seul soldat comparable au soldat français est le soldat japonais. L’équivalent japonais du chevalier courtois est le samouraï. Le même sens de l’honneur anime ces deux figures du combattant. Le chevalier est un samouraï d’occident, comme le samouraï est un chevalier d’orient. Ces deux soldats ont le duel comme modèle, ce qui n’est pas le cas du soldat allemand. Le soldat allemand est puissant dans le mesure où il est une des parties de l’armée. En tant qu’individu, il n’a pas la même valeur que le soldat français ou japonais. L’Allemagne a une grande armée, mais n’a pas de grands soldats. La France et le Japon ont une grande armée et de grands soldats. […] quand nous nous demandons si la France a encore la première armée du monde, à quel terme de comparaison pensons-nous ? nous pensons immédiatement à une autre puissance, à une autre armée, à l’armée allemande […] de savoir si la France est ou n’est pas encore le premier peuple militaire du monde, si le Français, particulièrement, est ou n’est pas encore le premier soldat du monde, à quel terme de comparaison pensons-nous ? pensons-nous encore au peuple allemand, au soldat allemand ? non ; nous pensons immédiatement au peuple japonais, au soldat japonais […] » Le sacrifice du lieutenant Péguy le consacre définitivement chevalier, le consacre définitivement samouraï. Par sa conduite exemplaire sur le champ de bataille, il a prouvé qu’il n’était pas un patriote livresque, mais un patriote authentique. Le 17 septembre 1914, dans L’Écho de Paris, Maurice Barrès lui consacre un article visionnaire Nous sommes fiers de notre ami. Il est tombé les armes à la main, face à l’ennemi, le lieutenant de ligne Charles Péguy. Le voilà entré parmi les héros de la pensée française. Son sacrifice multiplie la valeur de son œuvre. Il célébrait la grandeur morale, l’abnégation, l’exaltation de l’âme. Il lui a été donné de prouver en une minute la vérité de son œuvre. Le voilà sacré. Ce mort est un guide, ce mort continuera plus que jamais d’agir, ce mort plus qu’aucun est aujourd’hui vivant. »
Texte de Charles PEGUY La mort n’est suis seulement passé de l’autre suis moi, vous êtes que nous étions les uns pour les autres, nous le sommes le nom que vous m’avez toujours donné, parlez-moi comme vous l’avez toujours pas un ton solennel ou à rire de ce qui nous faisait rire souriez, pensez à moi, priez pour mon nom soit prononcé comme il l’a toujours été, sans emphase d’aucune sorte, sans une trace d’ vie signifie ce qu’elle a toujours signifié, elle est ce qu’elle a toujours fil n’est pas serais-je hors de votre pensée simplement parce que je suis hors de votre vue ? Je vous attends, je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin. Vous voyez, tout est bien. » Charles Péguy
La mort n'est rienDe Charles Péguy, d'après un texte de Saint AugustinLa mort n’est rienJe suis simplement passé dans la pièce à suis moi. Tu es que nous étions l’un pour l’autre, nous le sommes le nom que tu m’as toujours comme tu l’as toujours pas de ton prends pas un air solennel ou à rire de ce qui nous faisait vivre Souris. Pense à moi. Prie pour mon nom soit toujours prononcé à la maison comme il l’a toujours emphase d’aucune sorte et sans trace d’ombre. La vie signifie ce qu’elle a toujours reste ce qu’elle a toujours été. Le fil n’est pas serais-je hors de ta pensée,Simplement parce que je suis hors de ta vue ?Je t’attends. Je ne suis pas de l’autre côté du vois, tout est bien.
charles peguy la mort n est rien